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Battants sur le toit
21 juillet 2006

Soutine et Cézanne

Jeu de mains chez deux maîtres de la peinture

Soutine et Cézanne ont un poing commun, des mains aussi expressives et éloquentes que le visage auquel elles appartiennent, elles disent tout aussi bien une rage contenue, ou au contraire une ardeur combative, une crispation résignée, ou une lassitude amère, toujours est-il que ,chez l'un comme chez l'autre, elles excèdent la norme et sont volontairement grossies pour porter le buste dont elles forment le socle. Les portraits, chez l'un comme chez l'autre, s'appuient de la base au sommet sur ces mains puissantes comme les racines d'un chêne, que rien ne peut ébranler, elles tirent leur force de la nervosité du trait chez Soutine, de la massivité chez Cézanne. Les mains se font si obsédantes, chez l'un comme chez l'autre, que tout le reste, mis à part le visage, semble anecdotique, et l'est réellement, seul le costume qui tient lieu de personnage résiste, mais le décor, lui, n'est qu'"accessoire". L'ensemble est pris dans une atmosphère si touffue et dense en couleurs rugissantes, saturée souvent de rouge, chez Soutine, plus calme chez Cézanne, le bleu pacifiant la grimace du trait. Le Petit pâtissier (Portland Art Museum) est un exception, il sort du traditionnel cadrage de Soutine : peint en pied, la frêle silhouette de ce garçon paré d'une toque et d'une veste blanches, ce portrait donne un sentiment de vulnérabilité et de dérision renforcé par ce rideau d'un rouge vif en arrière plan.

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