Quel désert est cela auquel mon souffle s’accroche telle dans mes veines une voiture emportée par la vitesse ? souffle dont les mouvements se croisent, montant jusqu’à l’obscur des battements, remontant encore vers un adieu où le rien se mêle à la chose. Voici les dunes, le vent les crée, sable fin qui s’étend entre tes mains, passe à travers tes doigts. Reconsidère le passage d’une caravane. Une terre, désert qui s’incline d’un bord à l’autre. Telle est ta plaine basse où fut répandue l’odeur de lavande. Un corps s’embrase et se refait. Tes collines apparaissent. Sous peu, tu entendras des passagers prêts à emporter leurs tentes. Et toi, choisis le pas du chameau qui conduit aux géographies orphelines. D’où es-tu venu? tu ne t’en souviens pas. Suis donc le sable ; ta marche laissera des marques de turquoise. Spectres qui errent. Suis ta traversée qui a celé l’hymne de ceux qui viennent des régions que tu as visité. Pour toi, j’ai élu l’eau, dans l’assoupissement, l’automne, le palmier, pour une main peu diserte. Suis un tourment relancé à chaque élan du temps comme pierre qu’on éjecte. Là-bas ceux de ta tribu sellent leur solitude. Suis des voyageurs qui ne reviendront pas d’un séjour dans un présent aux mille faces.
Mohammed BENNIS
L'auteur
Mohammed BENNIS, poète, éditeur, universitaire, est l'un des plus en vue parmi les poètes marocains de langue arabe. Il a publié, en français, Le Don du vide (traduit par Bernard Noël, éd. L'Escampette) et Désert au bord de la lumière , traduit par A. Meddeb (Al Manar,1999). En 2007 paraîtra chez Al Manar Le Livre de l'amour, traduit par Bernard Noël. |