Eros est à en vedette
Eros comme dit Jankélévitch n'est pas tant intermédiaire que médiateur, intermédiaire il eut été un locataire du vide s'affairant entre le ciel et la terre, mais Eros connaît un autre "destin", il se ballade entre le très haut, "le zénith de la suprême plénitude" et le plus bas que Kierkegaard ne pouvait définir que comme la maladie du désespoir de ceux qui, pauvres au sens d'ignorants se croient riches, et tirent leur vanité de leur vacuité, la satisfaction de leur néant, Eros est donc chargé de cette lourde tâche de réconcilier ou tenter d'harmoniser le plus haut et le plus bas, l'aigu et le grave, lenteur et rapidité dans une "une active amitié". C'est dire à quel point sa position est inconfortale constamment tiré vers le haut ou vers la bas, sans connaître le répit du juste milieu : le raccourci irrecevable serait de le croire à mi-chemin entre l'ange et la bête. Tout au contraire Eros, ce médiateur, (metaxu) se définit comme synthèse inquiète et féconde. Jankélévitch dit en ces termes clairs : " Si l'homme moyen est bourgeoisement domicilié dans son entresol, Eros,lui est sans gîte." Ce vagabond fuit la sédentarité et vit de cette liberté qu'il puise dans le provisoire. Jankélévitch va jusqu'à dire que Socrate figure Eros en tant qu'il se meut dans cette région intermédiaire entre le désir et l'amour, incarnant le personnage érotico-dialectique par excellence. Eos est fils de Poros et d'Aporie, d'opulence et d'Indigence, Eros est un affamé de sagesse, il se situe davantage du côté de l'amant que de l'aimé comme le rappelle le Banquet. A suivre...