Supension avec Israel Galvan
Le bonheur même de la danse n’est pas tant dans le terme, il réside dans ce rythme que celle-ci imprime au corps, dans cette conscience de soi, de son corps propre qui se développe par la tension des muscles, des muscles qu’elle tend, comparable en cela à cette conscience d’exister lorsque nous disons ou lisons un texte à voix haute, comme d'une danse laryngo-buccale. C’est lorsque nos organes sortent de leur torpeur, de leur apparent mutisme, de leur réserve, que nous prenons conscience avec bonheur d’ « ex-ister », de sortir littéralement hors de soi (pour mieux nous "éprouver" soi). Le rematar comme suspension du mouvement, comme arrêt net et foudroyant dans la progression d'une figure contraste vivement avec la vigueur de la frappe des pieds sur le sol, et qui, par cette façon de s’interposer dans la syntaxe flamenca lui confère une « ampleur » inhabituelle. Le rematar a ce pouvoir de couper court la chorégraphie et de donner au danseur l'occasion de se régénérer, le temps s’évide, devient plus fluide, reste disjoint des moments qui précèdent, de ceux qui suivent même s’il ne les efface pas. Ainsi danse Israel Galvan...
Israel Galvan dans son spectacle : Arena, DR.