Soutine à l'Orangerie
On n'a jamais assez dit que Soutine était un immense portraitiste, préfigurant déjà un Bacon par la distorsion qu'il inflige aux visages, sans doute pour détourner notre regard, sans doute pour nous détourner du sujet, et de nous distraire de la tentation de le reconnaître. D'ailleurs il ne légende ses personnages que par leur fonction : le pâtissier, l'enfant de choeur... Il ne s'agit plus depuis longtemps de peindre un portrait ressemblant, le sujet est devenu la peinture : la couleur n'est plus un auxiliare au service de la représentation, elle gagne avec les fauves, son entière autonomie. On ne peut ignorer regardant ces portraits presque toujours frontaux, la charge de violence ou de colère qu'il mettait sur la toile. Sa palette se réduisait à des rouges saignants, des verts sombres de sous bois, des jaunes discrets et ce blanc enrichi d'autres couleurs. La couleur est vibratoire et devant les toiles de Soutine, la rétine ne peut l'ignorer. Alors, pour une fois que Soutine est à l'affiche, que ses toiles sont rendues visibles : ne boudez pas le plaisir de les voir à L'Orangerie.
un lien vers le catalogue : http://www.musee-orangerie.fr/pages/page_id19333_u1l2.htm
Chaïm Soutine (1894-1913) - L'Enfant au jouet - 1919 - (0,82 m x 0,66 m)
Genève, collection privée
La polonaise