Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Battants sur le toit
21 juillet 2006

Caravage ou cavarage

Caravage, le rénovateur...

250px_Le_Caravage___Les_musiciens_1_Les musiciens

250px_Le_Caravage___L_27extase_de_Saint_Fran_C3_A7ois_1_ L'extase de Saint François


Caravage a dû attendre quelques siècles pour être apprécié comme il se devait, son érotisme troublant, cette audace des contrastes qui font de lui le père du clair-obscur et qui a nettement influencé des peintres de premier ordre tels Poussin, La Tour, Vélasquez, Rubens ou Rembrandt méritait bien un petit hommage. Ses noirs font rage et ses corps en sont troublés et troublants...
Caravage : la lumière jaillit dans l'ombre

velazquez Les Meninas de Vélasquez

Hommage à Léo

La poésie contemporaine ne rampe pas, elle mange la poussière. Elle a perdu le privilège de la distinction. Les mots malfamés, d'une grandeur infâme ne sont plus fréquentés, infréquentables, ils sont interdits de séjour, ces mots nous sont devenus étrangers et il leur faut un droit d'exercice délivrés par les autorités. ("La poésie n'est pas une maladie honteuse" et pourtant J.M. Maulpoix dont la notoriété n'est plus à faire, s'est vu condamné à refermer les portes de son site par ces mêmes autorités). La stupeur s'est emparée de toute une élite, un comité de soutien s'est constitué pour sauver ce haut lieu de la poésie. La clandestinité est leur statut et c'est encore là qu'ils peuvent oeuvrer. l'inouï s'est produit. A « fécondité » on préfère « stérilité» et ce sont les mêmes qui prétendent que les termes médicaux ne doivent pas s'aventurer en dehors du Vidal ou du "codex". La reconnaissance consiste aujourd'hui en poésie à se convertir "au prestige du rince-doigts ou du baise-main". C'est cette politesse qui lui est demandée, la politesse d'être de bon ton, de ne proférer que des mots qui souffrent d'une trop grande santé. "Ce n’est pas le rince-doigts qui (me) fait les mains-propres ou le baise-main qui fait la tendresse, ce n’est pas le mot qui fait la poésie mais la poésie qui illustre le mot". Ceux qui sont hantés par le souci du nombre et non par la qualité sont des experts-comptables. Le poète est aujourd'hui inquiété ou traqué quand il n'est pas "invité" à se taire. Mais la poésie ne cède au silence que par choix, le plus souvent elle monte en arpège, et grimpe d'un ton pour être entendue, elle bande son instrument pour atteindre le coeur de sa cible. Elle résiste à toute forme d’embrigadement qui est la marque distinctive de notre temps, un vice de forme. Déjà Mozart, mort dans l'effroi du retour de la statue du commandeur, laissant inachevé son Requiem, fut jeté dans la fosse commune comme un paquet de viande. Renoir arthritique jouait du pinceau comme du crocher. Ravel ce grand échalas silencieux fut emporté par une tumeur "qui lui suça d’un coup toute sa musique". Beethoven sourd, écrivit ses deux dernières sonates dans un swing presque jazzy dans la nuit de son silence. Baudelaire mangeait des frites assis dans la poussière, Villon volait pour donner à manger à ses vers. Personne n'y prêtait attention, l’art, c'est bien connu, est juste bon pour l'hospice.
Il pleut à l’intérieur, il fait trop jour au dehors. Le conflit des couleurs nous garde de faire un tour à l’extérieur, il fait matin au dehors et crépuscule au dedans, au seuil de la lumière qui dévore, on préfère les ténèbres du dedans, les noirs révoltés d’un Caravage laissent encore percer une lueur : une aube flottant sur les décombres d’un monde exilé par Dieu, une lumière est ivre de pénombre, là où il faut célébrer les couleurs, on se tord de douleur, ranimer les moribondes… attendre un siècle ou deux qu’un Soutine fasse couler des rouges comme Pablo dans des mots en guerre. Le sang au crocher, au couteau n’a pas séché sur la toile. Il faudra des millénaires pour que la peinture aux natures vivantes coagule. D’ici-là exsangues, nous aurons perdu la vue, oublié que Soutine fut le premier Fauve. Beaucoup tentèrent l’aventure, mais dans l’exil de leur terre primaire: Gauguin quitta Vincent, son frère, sur un éclat de couleur… Des tournesols en flammes brûlaient le récipient à l'intérieur, l’insoutenable pointait déjà dans les champs à l'abord des corbeaux ; Gauguin prit la mer sur un coup de burin, sa tête ne s’en remit pas quoi qu’en disent ses indolentes, aux pagnes fleuris… On ne peut se remettre d’une rupture avec Vincent. C’est un arrachement ! Un autoportrait a tout dit… Toutes ces couleurs sont la mémoire de ces tempêtes amoureuses, si elles pouvaient parler, non, cela hurlerait à vous crever les tympans… Toute lecture comporte un immense danger, mais c’est à prendre ou à laisser…

gauguin_ancetre_tehamana_1_Gauguin sauvé par les Marquises,,,

Publicité
Commentaires
Publicité