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Battants sur le toit
25 juillet 2006

Arigente, le pivot de sa peinture

De Saël, arrivée en Sicile, révolution dans sa peinture :
Un extrait de cette lettre nous fait pressentir un renouveau dans sa démarche picturale, ébloui, sa peinture sera "habitée" par ces espaces arides saturés de lumière, par ces ruines qui sont des pierres vivantes porteuses d'"histoire" :“Je roule de France en Sicile, de Sicile en Italie, en regardant beaucoup de temples, de ruines ou pas, des kilomètres carrés de mosaïques (…) Le point culminant fut Agrigente et le musée de Syracuse.”
Cependant De Staêl n'entreprendra sa série sicilienne qu'à son retour, à partir de ces carnets noircis de queslques traits sobres, lignes économes se coupant en des points essentiels... Cette série de paysages de Sicile n’est pas comme le dit le jargon "peinte sur le motif", et ce serait peine perdue que d'essayer de retrouver les  sites par l'oeil du peintre visités . Ces toiles naissent d'une "imprégnation", "reconstiutées" dans la solitude de la méditation, selon ce que lui veut rendre visible, ce que lui De Staël veut nous montrer. 
Agrigente, 1953, atteint à une harmonie entière par la maîtrise de l'équilibre chromatique reposant presque entièrement sur le contraste des noirs et des blancs, selon le découpage propre au peintre : deux masses puissantes qui figurent  la falaise fantomatique dans la moitié inférieure du tableau, et le ciel d'un noir sublime dans la moitié supérieure. Cette pièce nocturne en deux temps pivote autour d'une ligne de fuite ou d'horizon en plein coeur du tableau. Ces lignes de séparation ne sont pas rares chez De Staël , mais on ne peut nier la charge électrique dont elle animée ici. La falaise n'est pas aussi lisse que prévue, des escaliers y sont étagés par la distribution minutieuse de touches de rouges et de jaunes. Ce noir-là n’est pas uniforme, il vibre par le mouvement que que le poignet du peintre transmet à la brosse qu'on peu supposer large. Tandis que le ciel vibre et la blanche falaise fait corps avec les éléments naturels et les plages de rouges et de jaune pur qui s'impriment sur notre rétine avec l’impact de ce qui dure, de ce qui demeure, de ce qui résiste au temps : les ruines.
Le chromatisme particulier de ce tableau, rappelle étrangement (?) les couleurs ardentes de Paolo Uccello dans
Le Miracle de l’hostie (vers 1465), ou dans La Bataille de San Romano (vers 1450), où les noirs, les rouges, les blancs sont souverains. Uccello, Giotto et Piero della Francesca ne sont jamais très loin de son chevalet ou de sa palette, ils l'ont accompagné durant toute sa vie de peintre. D'où la référence constante à leurs oeuvres dans son oeuvre-même.

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