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Battants sur le toit
5 août 2006

L'épure du geste, l'épure du trait

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4 lithographies exécutées par Picasso en quelques semaines

Comment parler d’un homme qui s’est « élancé » vers l’Absolu. Surtout si cet homme ne se veut pas seulement un réformateur de cette exigence-là, mais porte toute la force de sa conviction, de son obstination à ne jamais pactiser avec autre chose que cet élan. Pas de compromis théorique ou spirituel possible pour ce caractère d’aigle qui survole notre terre à haute altitude sans quitter le sol, l’économisant, économisant ses propres gestes pour nous laisser entrevoir ce que serait le vrai silence, après l’apocalypse. Chaque geste sculpte dans l’espace cette volonté d’absolu, la sienne propre qui est celle aussi du flamenco. Cette grâce, ce don faits à Galvan d’être l’acteur de l’invisible, tout son langage gestuel en témoigne, dans cette façon de s’exprimer avec l’aisance de ceux qui savent et ramassent le savoir en une pluie de lumière née du frottement incisif du pied déchirant l’espace en deux…. Il danse à satiété dans un dessèchement de plus en plus austère, dans une langue dense et secrète, qui ne peut-être animée que par un grand amour. Sans cet amour, où trouverait-il la force primordiale d’aller à l’extrémité de tout mouvement, l’après du mouvement… Là où il ne passe plus rien, là il nous fait appréhender ce plus rien. Un corps amoureux en vaut deux dit le poète, qui d’abord vit dans l’éveil de tous ses sens, au point de ne plus savoir ce qu'il en est de ce corps "sien". Epuisant le geste dans une intériorisation de plus en plus intime, le geste de Galvan devient sa propre épure : le stade ultime de la lithographie des taureaux de Picasso, quand la chair s’amenuise laissant place au trait, un trait si léger, presque aérien mais qui retient en lui toute la puissance du taureau, son énergie vitale. L’espace se déchire, là où le couteau creuse un sillon en feu. Galvan torée sans muleta, métamorphosée en linceul diaphane de l’entre-deux de l’outre-espace, la où son geste ne peut que se former… Il faut pour le suivre passer d’un espace l’autre, se confectionner un corps amoureux. 

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