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Battants sur le toit
20 août 2006

Amande

amande_1_

L'amande s'est fendue, sa peau de velours ne fait plus chanter les vents. Une lourde crispation dans l'air, deux pierres séparent le cœur et son écorce: il faut, paraît-il, trancher le fruit. Devant tant de violence, le tendre a remis son armure brisée. Une résine d’Hespéride n'a jamais peint les raisins d'Eleusis, ce n'est qu'un trompe-l'oeil où l'oeil se perd en sa chasteté. Une simple légende de grappe de mots ne fera jamais un poème, ce sont des gouttes d'eau glissant le long d'une nuque à la belle carnation blanchie à la chaux. Les yeux auront beau se poser, ils ne verront rien que leur propre cécité, brûlés depuis longtemps dans les champs de Castille ; sans parfum d'histoire, comme un vent des matinaux, ce serait quelque chose en trop, tableau sur tableau ou fenêtre sur fenêtre. Ces raisins-là ne produisent pas de vin, ne chatouillent ni n’excitent aucune bouche : ils sont sur la solitude de la table dans une absence avariée qui fâne le quotidien sans chercher à le transformer en paysage. Le mur refuse de l'accueillir. Et Personne n'en voudrait, pas même un affamé d’images. Rester dans l'indéfini d'un rêve impossible entre une amande brisée et une hypothétique liqueur est pire que cette réalité, s'attabler à la torpeur du monde desséchera la fleur de jasmin et la douceur caressante d'un fruit encore vert. Chahutée par un vent intérieur, l'amande partira pour partir, car elle n'est jamais venue que pour partir pour de  lointaines contrées, là où le vent est déjà un parfum d'oliviers, de désert argenté et de nuages en fleurs.

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