Correspondances de Vincent Van Gogh
"Correspondre assidûment"- que peut signifier cette invitation lapidaire de Vincent Van Gogh un 13 décembre de 1872 ? Sinon l'annonce de cet échange épistolaire qui a nourri et soutenu le travail d'un forcené de la lumière invisible dans l'apparence des choses mêmes. Plus de huit cents documents ont pu être conservés grâce à la ferveur de son frère et collectionneur le plus dévoué : Théo Van Gogh.
Van Gogh laboure la feuille où il déposent ses phrases comme il sème ses couleurs saturées qui crient l'irrespirable infaillible.
On comprend, dès lors, que la correspondance échappe au seul échange de lettres mais que sa peinture entretient elle-même une correspondance intime avec la poésie : " au-dessus des toits de tuiles rouges passe un vol de colombes blanches, entre les cheminées noires et fumantes. Derrière, une surface infinie de vert fin, moelleux, des kilomètres et des kilomètres de plat pays, de pâturages et un ciel gris - aussi calme, aussi paisible que Corot et Van Goyen". Des kilomètres de mots traversent la campagne, une légion de mots en armes et en larmes soulève le coeur de Théo, des kilomètres de couleurs moelleuses et crues se répandent sur le paysage de sa toile, une peinture a saisi la vibration de la vie. Ce regard tendre et à la fois sans complaisance aucune sur le monde est son éloquence.
Correspondances enfin en forme de confidences où se préparent l'exécution de ses toiles qu'il ne prend en considération que dans et à travers ces adresses faites à Théo. "Ce n'est qu'ici qu'il se considère comme un être capable de créer des valeurs effectives, utiles." dira un commentateur.