Lavement de mots
J'ai lavé mes pans de mots, une poussière avait grossi en eux, comme une tumeur, je les ai lavés à grande eau, avec une amphore destinée à rescussiter des Tales, des contes pour enfants qui ne peuvent s'endormir que dans la traversée d'Ulyssse, les mythologies d'hier et non plus les pâles imitations des origines. L'essorage fut plus long que prévu, il s'est échappé d'étranges monstres fabuleux qui déjà avaient franchi l'intestin(ct) grêle de la canalisation, ils étaient nus, vidés d'histoires, surtout celles qui sommeillaient en ronronnant sur l'étole persanne où j'avais pris soin de les poser. Essorés, je les étendis sur le toit où quelques boyaux servent de cordes. Pas de pinces à linge, ils seront sujets du vent, je défroisserai ceux dont le poids aura résisté aux plus méchantes rafales. Je les mettrai sur ma table à dissection pour voir après ce grand lavement, s'ils ne sont pas trop anémiés... Le diagnostic est prévisible, manque de globules rouges, il faudra sans doute les conduire au dispensaire pour transfusion.