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Battants sur le toit
5 septembre 2006

le taureau : aiguillon de la pensée

5631702_p_1_ Oeuvre de Wifredo Lam, D.R.

Le geste s'immobilise, le peintre joue du fleuret devant sa toile, il s'interrompt dans l'inachèvement de la figure qui n'aurait rien gagné. Dans l'arrêt quelque chose se poursuit hors la toile, l'énergie précisément qu'il a fallu pour retenir un geste naturel qu'il a hardiment contrarié par ce tour elliptique. Ce qui fut interrompu apporte un surcroît de vie. Ce qui se déporte de vagues en vagues, comme une sinusoïde, se sait libre de décider de l'instant pour toréer avec la toile, si l'on en croit Picasso qui prétend que la corne imaginaire du taureau doit se faire aiguillon de la pensée, telle une incitation à remettre au chantier le travail nécessairement inachevé du sens. Cette liberté tout aussi imaginaire doit nous porter à nous improviser torero, héros d’une lutte implacable contre le destin, héros du hasard. Ce serait comme faire le choix délibéré de l’heure de sa propre mort sans ne rien faire pour, comme si cette décision était la seule réelle, orage de la paix, outrage du baiser, serrure des horizons, élision de la plénitude du O, rondo et ronds d'eau du poignet qui épargne la toile d'une dernière estocade.

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Commentaires
A
Gladiator vous me faites rougir!!!<br /> J'ai l'impresssion de faire du mauvais tricot, et puis il faut que je me presse il commence à faire frisqué même sous la couette. Je suis en jet lag, j'aurai dû proposer mes services pour le film dela fille du maestro, je leur aurais épargné les séances de maquillage. Incroyable, le net parle très peu (douzeuphémisme) de cet ouvrage... rappelle-moi la veille de la prestation de monsieur ton père par un petit email, car le jet lag me joue des tours d'éléphant indou:) On se trompe beaucoup quand on jette large son temps!<br /> Affectueusement,<br /> bise, Amel
P
"Abalochas" a été republié par Bordas. Le tableau d'origine parle je crois de la mort de Krishna - mais je dis de mémoire et je me trompe peut-être-. D'ailleurs, j'aimerais bien revoir ce vieux Serge, car c'est un homme épatant. Les mauvais poètes le sont rarement. Tu évoques souvent des sujets que je maîtrise mal, aussi hésité-je parfois à y laisser un commentaire, mais ton blog est de toute beauté. Affectueusement Pascal
A
Merci à toi, sans compter que je n'ai pas lu le texte de Sautreau, pourrais-tu me donner les références... j'ai mis en illustration Wifredo Lam car les angles du tracé me faisaient penser à des cornes enchevêtrées, c'est tiré par la corne:) j'avoue...<br /> Merci de cette précieuse indication,<br /> Affectueusement, Amel
P
Comment le dire et l'avouer ? Voilà, je ne suis pas fou de Wilfredo Lam et cependant je trouve ton texte magnifique. Il avait également inspiré un poème de toute beauté au poète Serge Sautreau. Ce qui donne cet étrange paradoxe : je n'admire pas -sans pour autant porter quelque jugement que ce soit sur sa peinture, qui relève d'un vrai travail et d'une vraie démarche- Wilfredo Lam, mais j'admire ceux qui l'admirent. La vérité est parfois indicible …
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