La danse dedans dehors

1 janvier 2007

Ceux qui ont pu lire dans un désordre apparent mes textes sur celui que je considère, n'ayant aucun mérite à le penser puisque d'autres avant moi l'ont dores et déjà consacré comme le plus grand danseur de flamenco de tous les temps : Israel galvan. Le superlatif me gêne car il n'est pas toujours fondé par ceux-là même qui en font un usage qui esquive tout développement. Le superlatif appelle le superlatif, mais ne nous apprend rien sur cette fameuse grandeur décrétée. Il est pourtant indéniable que devant un spectacle de Galvan, nous comprenons que danser c'est adhérer à ce qui de nous n'est pas encore nous, mais le devient par le mouvement même. En le voyant danser, nous sommes devant quelque chose qu'il faut bien nommer l'âme et le corps non plus polarisés, mais unis dans un commerce frénétique et passionné, nécessaire et impossible. Ce que nous voyons là sous nos yeux, c'est la réalisation de la meilleure cohabitation au lieu même de leur distinction. La formule se dédouble promulguant un corps animé ou une âme incorporée dans un compromis à la fois acrobatique et instable. Leurs retrouvailles ne peuvent se faire que dans et à travers leur incompréhensible coexistence comme une espèce de chance continuée. Mallarmé disait que le danseur donnait l'illusion d'un souffle illimité que rien ne pouvait entraver. Cette illusion vient de ce que le danseur , mieux que tout autre sait ce qu'est le souffle : à bout de souffle, il sait le reprendre, comme dans le templar qui est arrêt fixe, ménageant la posssibilité de la reprise, en fixant la mesure. S'arrêtant ici, s'interdisant d'aller au-delà, il ne peut alors que susciter le sentiment de ne jamais en manquer. (A suivre...)

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