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Battants sur le toit
8 janvier 2007

"je peux bien vous avouer que je cherche toujours"

...depuis quelques jours je cherchais une réponse au geste de De Staël, le texte est devenu illisible, à moi-même opaque, et  "interrogeant' mes visiteurs du soir (http://www.dialogus2.org/CHARR/nicolasdestael.html), je tombe tête la première sur :

Bonjour,

Quel est votre tableau préféré de Nicolas de Staël, et pourquoi?

Y a-t-il une concordance entre vos démarches artistiques respectives? Comprenez-vous son suicide?

Merci de vos réponses éclairées.

Une fidèle admiratrice.

René Char

Madame la fidèle admiratrice,

Que n'ai-je soudain cent mille souvenirs que vos questions réchauffent?

Je dois vous dire, madame, que votre première question ne peut en aucun cas relever d'un simple choix ni même d'un goût personnel. Le travail de Nicolas de Staël est d'une exigence absolue et il est peu problable que j'aie le coeur de m'autoriser un jugement.

Cependant je peux bien vous avouer que je cherche toujours, sans trouver, dans quel monde de lumière il est possible de vivre autant de vérité que dans les tableaux des footballeurs, grands ou petits... Quelle danse de lumière et quelle puissance d'homme et de lion. J'aime l'oeuvre de Nicolas dans sa profonde humanité et sa pure vérité.

Nous marchons chacun sous nos propres saisons comme des enfants confiants et vainqueurs de leurs peurs et de leurs convictions. Vous comprendrez que sans identité et sans bagage, le voyageur ne peut guère découvrir le monde et apporter son amour de toute chose.

Nicolas et moi labourions, en outre, chacun notre propre champ comme des paysans besogneux et convaincus. Quelle récolte.

Le temps lui a glissé entre les doigts. Tout dans sa vie exprime une parfaite fluidité comme s'il avait été lui-même un des moteurs du temps. Sa flamme brilla jusqu'à l'aveuglement, peut-être même le sien. Il s'emporta dans la lumière, celle qui ne s'éteint pas. Nicolas connaît la mort et éconduit la vie toujours plus vite. Et vous, chère madame, comprendrez-vous dans ses toiles chaque pierre d'un édifice plus que vivant mais résolument basaltique?

Merci de l'oeil et de l'étincelle.

Bien à vous.

René Char.

Autre lien :

http://www.grasset.fr/chapitres/ch_gl-roux.htm, pour les amis de René Char.

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Commentaires
A
"transpourailler", je vais mettre mon hypothèse en ligne qui fait mal, merci de toutes ces précisions que j'avais lues attentivement, par contre j'ignorais que Meulun avait consacré Le peintre du trop d'éblouissement !<br /> Amitiés,<br /> Amel
P
C'est curieux... de Staël... Je parlais de lui dans mon blog il y a quelques jours à propos de la lecture que je fais actuellement du journal de Cocteau. Cocteau a des fulgurences, des éclairs de compréhension, mais sur de Staël et sur une part de la peinture non figurative, il se plante ( comment peut-on aimer Matthieu et conchier de Staël...) <br /> Je vous le cite ( in "Le Passé Défini" tome IV éditions Gallimard):<br /> <br /> "La femme de Gérard ( Worms) me parle de son ami espagnol qui habite Rome, peintre abstrait.Un autre peintre, abstrait "au sommet de la gloire" (sic) vient de se suicider en se jetant par la fenêtre.Ces messieurs me font penser aux dames de La Fayette et de Stendhal.Marcel Khill, après avoir lu La Princesse de Clèves : " Cette dame met son cul bien haut " C'est ce que la jeunesse moderne dirait de Madame de Chasteller. Je les approuve.Les scrupules de ces dames nous emmerdent. Les peintres abstraits mettent leurs certitudes bien haut. Ils nous emmerdent. Je comprendrais encore le suicide d'Einstein ( Bombe atomique et néant de ses calculs ) mais il m'est impossible d'admettre le suicide d'un homme qui, s'il était sincère avec lui-même déclarerait : " Je suis peintre et mauvais peintre. Je me suicide <br /> parce que je suis incapable de peindre mieux que Renoir, Cézanne ou Picasso pour lesquels j'affiche le plus grand mépris". C'est nul voire odieux. <br /> <br /> Je crois que Cocteau que j'aime bien au demeurant, ne s'est pas posé la question de savoir qui de Staël ou de lui "était peintre"... Le peintre, c'est de Staël... pas Cocteau, charmant décorateur . ... Cocteau ne s'est pas posé la question ( curieusement car il s'en posait d'autres...) C'est pourquoi il ne s'est pas suicidé... <br /> <br /> Tiens, à propos de de Staël, savez vous qu'il y a à Melun ( Préfecture de la Seine et Marne, près de la gare, une rue ( en fait une impasse) Nicolas de Staël ? <br /> <br /> Pour ce qui est de la compréhension du suicide... Vous savez bien que seul le suicidé sait...
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