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Battants sur le toit
17 janvier 2007

Parce qu'au fond, la main le sait déjà.

Les heures que l'on a sautées sont enfermées dans les mains aux yeux ouverts, elle s'allongent dans la couleur. La plume danse, son adversaire dans le dos, le mouvement s'appartient et accomplit sa figure sans fatigue, il l'a retient comme le désir dans la nuit du corps. Qui sait quand il faudra cesser de glisser ? Attendre arrivera trop tard, la main le sait. Elle glisse comme une luge sur la blancheur inoccupée. Il y a encore de la neige à travailler. La main glisse de plus en plus vite jusqu'à ébranler les corps, les bras et les visages. Cette main, sa brulûre, elle l'ignore. Demain peut-être portera-t-elle la trace d'une insomnie, elle ne se souviendra de rien d'autre que d'une couleur cendrée, d'ocre jaune ou de terre de Sienne. Le pinceau dormira dans la chair encore fraîche. Le pinceau sera moins lisse que le manche du violon. L'oeil y reviendra pour voir. Il est toujours là, et lorsqu'il est là, ce n'est jamais lui qui voit le mieux. C'est l'Autre qui regarde de temps à autres, quand il fait irruption par surprise. On ne discute pas ce que l'oeil itinérant dira. L'oeil du peintre vit tout seul, il mange du blanc sans rien dire. Quand il est absent, les visages sont des arbres nu comme un hiver. C'est ainsi. Et puis la main le sait. C'est une si vieille histoire que la main a appris à croire. Parce qu'au fond, elle le savait déjà.

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