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Battants sur le toit
12 avril 2007

Le Nouveau Réalisme à la Galerie LC

ARMAN_Venusgrecque_p_1_ARMAN_Phoenix_p_1_ARMAN_Cubiste_p_1_Arman_floral_p_1_OEuvres d'Arman à la galerie LC

La génération des années 60 systématise la mise en scène des objets "décontextés", réalisant ainsi le glissement propice au questionnement des signes et du monde par l'œuvre. «  La tête qui n'est plus sur les épaules prend un sens nouveau, un sens qui ne tien plus aux épaules, au corps à la famille, à la société, à l'époque » écrit Henri Michaux, « en rêvant à partir de peintures énigmatiques ». Ce mouvement d'autonomisation des fragments du réel se conclut, dans l'oeuvre, par un double mouvement : d'une part l'expressivité totale de l'objet, d'autre part, la polyvalence de lecture, socle de création où la modernité s'engouffre en y ajoutant le goût de la dualité, de la provocation, du paradoxe. La place du public est, par contrecoup, déportée à l'intérieur de l'oeuvre dont il endosse une responsabilité non seulement de lecture mais de création. Cette "lecture" de l'oeuvre, le Nouveau Réalisme en fait un contrepoison visuel et social.

Nous pouvons découvrir depuis le 15 mars à la galerie LC dans le 8ème : une rétrospective des oeuvres des tenants du Nouveau Réalisme réuni derrière le critique Pierre Restany : parmi eux, Arman, Klein, César, Tinguely, etc.

"L’action est tout ensemble la fin d’un monde et le commencement d’un monde nouveau, à travers ses palinodies, il ne meurt sans cesse que pour ressusciter, et ne ressuscite que pour mourir encore, pour mieux détruire la variété de ses propres émotions d’artiste, et construire plus de mondes différents, pour mieux sentir que tout est irréalisable, que tout est irréel, et pour adorer dans ces chimères mêmes, l’éternité de ce qui meurt sans cesse en lui et par lui " dira Blondel.

Il n'est pas rare de voir chez Arman, le recours aux incrustations, procédé de "mise en  boîte" des oeuvres après les avoir décomposées dans de la résine. Tout un pan de sa série sur les "violons dingues" est soumis à ce traitement, donnant un sentiment de mise à mort des objets pour leur donner une autre "forme" vie.

Il y a de la révolte dans la démarche d’Arman, une révolte portée par le rêve de nouvelles matières. L’imagination connaît son versant offensif et lutter contre un objet, c’est mener un combat avec la matière, avec la matière même du monde. Cet affrontement avec la matière que Bachelard considère comme une menace, en ce qu’elle nous oppose « une volonté de mal »  dans cette « dureté inattendue » qu’elle nous impose (in « la terre et les rêveries du repos, édition Corti, p. 230), cet affrontement qui chez Arman conduit jusqu’à la destruction est une promesse de fondation. La liberté n’a de possibilité que pour autant qu’elle est vécue et vaincue à même le présent, l’échéance qui lui est proposée. La révolte d’Arman ne donne voix qu’au mouvement et son geste  n’en finit pas d’ouvrir l’espace, il  tranche dans le violon pour retrancher de la matière et ménager un espace ouvert…

Le montage : l'un des axes de son travail

Le montage procède d’une réaction à l’encontre de l’impressionnisme. Il exprime la tentative de sauvegarder l’élément aliéné et hétérogène, devenu étranger au sujet, par la recomposition homogène dans des objets par de petites touches colorées. Il a échoué dans sa tentative de réconciliation du sujet avec le monde aliéné, s’imprégnant de ses stigmates, par ce semblant d’inscription sensé de l’homme dans le monde. « L’élément chosal prosaïque » finit par être plus important que le « sujet vivant » et la tentative de réconciliation comme l’aspect forcé du mensonge à rendre propre au sujet les objectivités menaçantes du monde. Le montage cubiste ou surréaliste a consigné cette échec en s'abandonnant au monde, et cela après une première étape figurée, en intégrant directement « les ruines littérales » du monde - comme du papier journal par exemple - intégration qui consomment la rupture avec le monde. Cependant, en avouant cette rupture et s'y pliant, il manifeste la « capitulation intra-esthétique de l'art devant ce qui lui est hétérogène », avouant son  impuissance face à la totalité du capitalisme tardif.

La construction va plus loin que le montage : elle ne s'arrête pas à l'organisation d'éléments donnés mais décompose jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien de significatif en soi. Les éléments sont détruits avant d’être recomposés selon l’orientation essentielle d’une totalité.

L’inclusion :

l'inclusion est un procédé qu'Arman  met au point dès 1959, s'y manifeste son intelligence des matériaux à jouer habilement avec le support et la couleur. L'inclusion consiste à enfermer l'oeuvre dans du plexiglas et à le mettre en scène après les avoir dissoutes dans de la réine mais dans un même souci des nuances que dans ses compositions obtenues par accumulation (comme dans les oeuvres présentées au-dessus). Certaines de ses inclusions sont coulées dans du béton : elles évoquent le désastre des fonctions par le désastre des formes au sein d'un matériau (le béton) totalement opaque, c'est à dire aux possibilités restreintes, réfractaire à toute forme de jeu.

@ suivre...

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