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Battants sur le toit
15 mai 2008

Un regard de Haute mer

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Oui, ils se méprennent tous autant qu’ils sont ceux qui croient que plus la Méditerranée est totalement épuisée, c’est ignorer qu’elle a toujours tiré sa force de ses idéaux ravagés, de ses mythes décapités. C’est sur ces décombres, ces naufrages, qu’elle se lève haute… mer. Déjà les phéniciens avec leurs ridicules ports puniques tinrent tête à son vassal ; avec leur flotte de pacotille, ils inquiétèrent la plus menaçante du monde. Oui, ils se méprennent tous autant et comme ils sont de penser un instant que les guerres qui se livrèrent sur son corps, allaient l’exténuer. Fortifiée de tous ces trafics, cette amoureuse du dialogue, aussi âpre soit-il, s’est enrichie du commerce de toutes ces langues… C’est au prix de tous ces enseignements dont elle est constituée et qui l’a constituée que l’on peut dire avec toi, le poète : « l'homme est la question et qu'il est, aussi bien, la réponse, et que c'est l'homme aussi le trajet, le difficile et dangereux trajet, mille embûches et cent pièges à chaque pas, entre la question et la réponse ». Oui, ils se trompent autant qu'ils sont de penser que cette mer, souvent paisible et claire, peut jeter le regard le plus noir sur ce et ceux qui ont par négligence abuser de son hospitalité parce qu'elle semblait donnée. @suivre

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Commentaires
A
Et l'on en pleure sur le mode de l'ostinato, dans ce 38ème mouvement de toute beauté. <br /> because Didon, because death waiting in her eyes at the same time she felt in a deep torment, they said fear no danger, but it was wrong, they all were wrong, her royal guest turned off the opening love, dignity no fear, death no fate!<br /> <br /> "All that we know the angels do above"
P
Pour moi, ce visage c'est celui de Didon<br /> contemplant, avant de mourir, le vaisseau d'Énée qui quitte le rivage et s'enfuit de Carthage.<br /> <br /> C'est sûr, elle va chanter, comme dans l'opéra de Purcell, sa sublime passacaille : <br /> " When I am laid, am laid in earth, May my wrongs create<br /> No trouble, no trouble in thy breast;<br /> Remember me, but ah! forget my fate,<br /> Remember me, remember me, but ah! forget my fate."<br /> <br /> Et nous allons pleurer comme pleurent ses suivantes.
A
Nicolas, j'aime beaucoup votre texte.<br /> Philippe, nous sommes attendus. Confirmé, depuis... Ce qui s'est produit n'a pas de nom qui me vienne.<br /> <br /> Suite :<br /> Contrairement à ce que d’aucuns prétendent, la Méditerranée ne se meurt pas dans son propre bleu, qui, selon ses médecins océanographes, est le signe avant-coureur de son agonie. Les mers adolescentes sont vertes comme des forêts aux sèves rajeunies à la détrempe. Cette mer a beaucoup vécu, ses fonds ne respirent plus et se sont figés dans une blancheur arthritique, statuaires marins comme nos légendes antiques, Didon, Astarté, Omphale, Poppée, Massinissa nos antiques maîtresses gorgones de tant de rois mulâtres, sculptées dans lave de l’histoire, des guerrières aux seins dardés de bronze, éprises d’une chasteté meurtrière. Combien d’hommes, d’hommes en armées ont été décapités pour avoir un instant songé obtenir leurs grâces. Le premier à déjouer ses charmes et ses ruses, mit vingt ans à approcher son intimité : pendant vingt ans elle le mena en bateau avec son équipage décimé par cette maîtresse aux yeux d’un vert confondant, il était roi justement, le seul qui mérite ce titre pour voir survécu à la plus redoutable des maîtresses, elle fut sa Schéhérazade la nuit, le jour, le jour et la nuit, à cette époque. Etourdissante de beauté, combien de fois Ulysse aurait pu succomber, La Méditerranée est l’odyssée, elle a défié la métis grecque en de multiples métamorphoses toujours plus redoutables, toujours plus redoutées : des Circé, des calypsos, des sirènes mais devant Ulysse s’est inclinée à ses pieds, elle lui a lavé les pieds comme une amante vaincue dans sa noirceur. Sous son regard humide qui embrase les hommes les plus sages, la fébrilité voyageuse et conquérante de ceux sur qui elle a jeté son dévolu. @II
P
Que l'harmattan nous porte au delà de nos faiblesses, jusqu'à l'autre peut-être, jusqu'au vent de mer.<br /> Bisesss
N
visage sorti de mer, le cou encore dedans, dans cette émeraude liquide, les cheveux algues encore imprégnés de l'eau profonde, la tête sortie donc, le front récif, masse puissante, un nez en prolongement, une digue entre deux yeux, entre deux mondes, entre deux phases, la lunaire du côté où les lèvres s'affaissent, où l'œil est dilué, incertain et sans illusion, la pupille n'est pas humaine, mais marine, le bleu en souligne la provenance, l'origine de ce regard là... ensuite vient la phase solaire, là où la bouche semble sourire, et l'œil plus joueur, plus malicieux, ou plus dur et lucide peut-être, est-ce un sourire ironique? l'autre regard était effacé, lavé, mais celui-ci est pénétrant, incisif, vengeur on dirait...c'est que cette créature émergée de la mer est un messager, une mise en garde, l'œil lunaire pour dire la tristesse, l'œil solaire pour l'avertissement et la confiance aussi. tout ce chatoiement de couleurs froides et chaudes, elle porte sur elle le sable, les sédiments, les algues, le vert bleu, elle porte sur elle la mer toute entière, sa totalité, le dessus et le dessous, et les tâches blanches sur les cheveux serait-ce l'écume? sortie des profondeurs, il y a à la fois le bleu de la surface, le vert du bas, et le jaune du soleil sur les joues, tiens, il tire ses rayons du côté de l'œil solaire, regardez le nez, pas de jaune juste derrière le nez dans la zone lunaire, normal, la place est aux étoiles sur cette rive là...
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