Triple hommage et plus encore...
J'entends rendre ici un triple hommage, d'abord à la poésie de cette militante disparue à l'âge de trente-cinq ans, saluée par l'historien algérien et ami Mohammed Harbi et ce compositeur de grand talent, Mohand Mezzache, qui m'a offert un CD qu'il lui est dédié grâce au soutien de BIO.S, de la CIARA et de la NECFA. Les textes d'Anna Greki sont dits avec beaucoup d'émotion par la voix inoubliable de Guilda Bittoun... Une poésie en arme, pour un avenir plus humain.
Huit titres :
1.Les rues d'alger, 2.Les trépassés, 3.Les bons usages d'un bureaucrate, 4.Recette, 5.Oursins de la mémoire, 6.Avis, 7.Litanies, 8.La fumée me rapporte une odeur devinée.
1.Les rues d’Alger (extraits de ce texte que j'ai retanscrit à l'écoute) :
"Dans la bulle d’Alger lactée aux cris convexes, je poussais ma sève au fil des boyaux, gorgés de mal terne, loquace et ennuyé, kachabias, bérets, blue-jeans et style anglais, où les cafés comme le reste, n’ont qu’un sexe, le fort. Et servent dans du thé de l’alcool fort. (...)
L’ami maquisard qui me parlait de pêche, sur une maison perchée sur la presqu’île en feu, faut-il pour te revoir aller à ta rechercher au clair d’une mémoire où ton cœur se survit. (...).
Je mettrai en ligne l'intégralité des texte d'Anna Greki bientôt.
Je remercie mon ami Mohand de ce très beau cadeau, je découvre deux voix : celle d'Anna Greki et celle de Gilda Bittoun disant Anna Greki, ainsi que l'illustration à partir d'une peinture de Mokrani, très émouvante.
Quelques vers glannés sur le site qui rend hommage à tous ses Précurseurs, aux côtés de Jean Sénac, Mohamed Dib, Frantz Fanon... Anna aimait les Aurès comme tous ceux qui ont foulé ce sud
© Cyril Preiss-www.cyrilp.com
"Mon enfance et les délices
Naquirent là
A Menaa - commune mixte Arris
Et mes passions après vingt ans
Sont le fruit de leurs prédilections
Du temps où les oiseaux tombés des nids
Tombaient aussi des mains de Nedjaï
Jusqu'au fond de mes yeux chaouïa."
"Ce sera un jour pareil aux autres jours
Un matin familier avec des joies connues
Eprouvées parce qu'elles sont quotidiennes."
"Avec des mots brûleurs du ciel
Avec des mots traceurs de route
Qui font du bonheur une question de patience
Qui font du bonheur une question de confiance."
Anna Greki elle-même rendait hommage à toutes ces femmes, ces mères dont on sait le courage et la patiente séculaire...
"Et ces femmes fières d'avoir le ventre rouge
A force de remettre au monde leurs enfants
A chaque aube, ces femmes bleuies de patience
Qui ont trop de leur voix pour apprendre à se taire."
"Forte comme une femme aux mains roussies d'acier
Tu caresses tes enfants avec précaution
Et quand leur fatigue se blesse à ta patience
Tu marches dans leurs yeux afin qu'ils se reposent"
Si proche de Jean Amrouche en son regard sur les enfants, une grande colère se lève :
"Colère devant l' enfant courant devant la guerre
Jusqu'aux frontières
Depuis sept ans sans s'arrêter
S' il ne se couche dans la terre"