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Battants sur le toit
7 octobre 2006

un peu de dévotion....

Il est des mots qui sont comme des « minerais de rêves » et qu’il nous faut approcher avec d’infinies précautions, surtout lorsqu’ils nous invitent à faire notre devoir sans jamais rechercher quelconque mérite ni récompense qui se compterait en poids de plaisir contrairement à ce que nous en dit Bourdal,in Pensées, t. I, p. 397. Ce mot pour le comprendre suggère de la part de ceux qui l’interrogent la même dévotion que ceux qui prétendent en être les dépositaires. Dépositaires, cela ne se peut. Se dire être dévoué, ne peut traduire un état, et suppose un objet. On ne peut concevoir ce mouvement sans le présupposé d’une entière disponibilité, on peut alors entendre la phrase de madame de Maintenon dans une lettre de 1683, non sans une certaine ironie mêlée de sympathie : « Je ne suis point dévote, mon cher frère ; mais je veux l'être ; je suis persuadée que la dévotion est la source de tout bien », c’est reconnaître la noblesse cette édifiante qualité, au point qu certains s’y jettent à bras raccourcis, à cœur ouvert, à pieds joints, au point qu’un auteur s’est avancé à dire : «  Je ne connais pas de meilleure école de logique et de dévotion philosophique que les polypes et les animalcules des infusions ». On peut se demander si l’auteur de ces mots infusés de dévotion n’avaient pas prêcher le vrai pour débusquer le faux. Car ce dernier n’a pas boudé la scène du XVIIème siècle, partout présent, y compris dans les sacro-saints couloirs où il déambule en grande pompe, assuré de son impunité, il n’hésite pas au nom et pour la gloire du ciel à « faire servir la piété à son ambition, aller à son salut par le chemin de la fortune et des dignités, c'est du moins jusqu'à ce jour le plus bel effort » dont il se montre capable, je surenchéris sur la formule de La Bruyère toujours dévoué lorsqu’il s’agit de dépeindre l’universel caractère de ses proches. Tant de dévotion à l’égard de son prochain ne l’a pas édifié, mais a eu le mérite indiscutable de dénoncer l’hypocrisie régnante et de rétablir la sainte vérité… Et comme notre Corneille national n’était pas très ami de la fausse vertu, il recommande avec une insolente simplicité dans son Imitation: « en ces jours consacrés à la dévotion, il faut mieux épurer l'oeuvre et l'intention « . Il n’est pas rare de rencontrer sous la plume de grands auteurs une sorte de ligne de partage entre les petites et les grandes dévotions. Dans Les Lettres persanes, Montesquieu parle de faire ses dévotions pour « remplir ses devoirs religieux à certaines époques de l'année ». Mais Saint-Simon évoque pieusement que  « l'offrande est à dévotion, on donne ce qu'on veut à l'offrande. À l'offrande, qui a dévotion, c'est-à-dire que celui qui a dévotion aille à l'offrande, en d'autres termes, va qui veut à l'offrande. », nous voilà bien avancés… Il nous avait pourtant semblé que ce mot bien maltraité ne souffrait ni limites ni même répit, encore moins permission de sortie, et pas d’abri particulier : si l’universelle dévotion a encore un sens après toutes ces déviations…brutales, je veux bien me dévouer...

Pour Marie qui excelle dans son dictionnaire... et que mon maigre tribu ne saurait apporter un supplement de sens... 

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Commentaires
A
je me suis contentée de commenter les citations d'auteurs proposées en vrac dans le sacro-saint dictionnaire, mis je reconnais que les auteurs ont un art consommé omme Saint-Simon de nous présenter des phrases aux tours sinueux, moi qui me plaisait à penser que mon apport contribuerait à ordonner le glissement périlleux des dévots, en donnant un sens plus pur:) aux maux de la tribu, c'est raté, je reprends l'exercice... impossible:) Mallarmé dirait que l'hermétisme est tombé bien bas:)<br /> Chaque auteur digne de ce nom, invente son propre langage et il faut toujours un peu de temps pour s'y baigner...<br /> Merci à vous deux, je vais me plaindre auprès des rédacteurs du dictionnaire qui nous livrent sans explication, des phrases "impossibles" et intraitables... Vive le fromage.
M
Et sans oser vous contredire, je ne suis pas si sûre que ça de la nécessité du langage technique, sauf quand y faut réparer un robinet. Ce qui se conçoit bien s'énonce clairement, c'est quand même pas moi qui l'ai dit.<br /> Dis Amel, j'espère que tu m'en veux pas de dire autant de conneries.
M
Sans doute, cher Orlando. Mais que voulez vous, mes compétences en hermétisme se limitent au Tuperware.<br /> Alors forcément, l'intelligibilité, de la philosophie surtout, vous comprendez bien que ça va bas de soie. M'en vais donc me limiter à la gaudriole, sans remords. Quand j'aspire, je préfère que la paille ne soit pas bouchée. Ou bien c'est moi qu'est bouchée?
O
L'intelligibilité, c'est pas de la tarte, chère MArie! Et certaines choses ne peuvent l'être, de la tarte ou intelligible. Un langage technique est toujours clair, c'est soi but. Sauf pour ceux qui ne le conaissent pas. De nos jours, la pensée complexe, telel que la présente Edgat Morin, ne se satisfait pas du degré de précision du langage courant. ET l'on patauge pour "épurer l'intention" autant que l'oeuvre...<br /> D'autre part, l'hermétisme est un choix poétique et finit toujours par passionner des gens, des groupes de gens: ce n'et pas vaiment un "genre littéraire", mais une belle tendance souvent rigolote! <br /> Tout est possible: Fromage et dessert! De tout deux fois!
O
"Epurer l'oeuvre et l'intention".. ce serait une blle devise d'artiste... JE vais l'adopter comme MAllarmé vuant rendre "plus purs les mots de la tribu". ... Engagement, destin!
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