Aux portes du désert
Aux portes du désert, le temps s'inverse, la pupille se dilate grain par grain, jusqu'à la limite, une poignée d'infini nous glisse entre les doigts : le désert est en tout point une fontaine d'atomes sidérés, collés les uns aux autres comme les convois séculaires, seule notre ombre projetée nous montre l'ici d'un ailleurs absolu, nous sommes aux portes du désert, et les portes se referment derrière soi, sur des pas balayés par la caresse du vent, c'était il y a quelques secondes, une éternité repliée dans un petit grain qui glisse sur le dos de milliers de grains, innombrables, nous sommes aux portes du désert dans un ici nulle part, devant lui, embrassé par lui, délivré par lui, aux portes du désert on n'en finit pas de revenir, la première ne compte pas, il faut retourner aux portes du désert, voir passer le ciel d'avril et la chamelle blanche qui n'attend rien aux portes du désert, le désert est une chamelle blanche éternellement recommencée...aux portes du désert.