« Au temps du texto téléphonique, du courriel informatique, de la pub
tronique, et du graffiti dans la rue, quand l'écrit sort de l'ère Gutenberg
et se bouscule partout sous de multiples formes, sur de multiples
supports, j’éprouve souvent la nécessité de me remettre à
"manu scrire" paisiblement sur le papier.
Je compose alors un tablotin.
Le tablotin est un petit tableau-poème, une page-image calligraphiée
et enluminée, un précipité d'art plastique et d'écriture poétique.
Ceux qu’on invite à le voir peuvent se contenter de le regarder comme
de la peinture; ils peuvent aussi le lire comme de la poésie.
Chaque tablotin est un petit pavé, un objet en soi, bouclé, achevé.
Et, côte à côte, en grand nombre, ces oeuvres semblent les planches
d'une espèce de grand livre impossible, l'éclaté d'un livre d'images,
foisonnant et divers.
Dans ce type d’art manuscrit, le lettrage, les dessins, les images
(vignettes, étiquettes utilisées aussi comme des mots) et le décor
"au petit point" qui unifie l’ensemble de la mise en page, tout cela
étaye l’écriture et donne une forme à l’expression poétique.
Une forme qui est pour moi absolument nécessaire. »
Joëlle de La Casinière |