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Battants sur le toit
22 mai 2007

Dilatons nos esprits

C'est une véritable conversion de la pensée qu'opère Chrétien le bien nommé, poète et professeur à la Sorbonne.

Jean-Louis Chrétien travaille dans l'humilité du temps, dans un retrait où sa pensée continue de cheminer ­à revers de la philosophie contemporaine, éprouvée et essoufflée par les concepts d'angoisse, de rupture, de déréliction. La joie occupe la scène de sa pensée, le philosophe a travaillé à en faire une tonalité dominante de l'existence. Son dernier ouvrage épaissit les précédents en bousculant encore davantage les idées convenues héritées du Moyen-Age, Si Jean-Louis Chrétien a décidé d'en finir avec l'angoisse, ce n'est sans doute pas pour l'ignorer mais parce que son projet est davantage de réconcilier l'espace et l'éternité, faisant réentendre la voix méditative d'un Grégoire le Grand ou d'une Thérèse d'Avila qui exerce sur lui un réel écho. Cette direction de pensée est moins à prendre comme une récession mais un retour de la philosophie sur soi, une reconversion vers ce qu'elle fut et dont nous nous serions éloignés.La gravité de son propos n'est jamais du côté de la lourdeur, ou de l'illisibilité du discours quand il se veut par trop spécialiste. On s'y désaltère avec le même bonheur que l'on peut éprouver à lire des pages de Bossuet auquel il consacre de très belles lignes. Jean-Louis Chrétien se meut dans la clarté et nous fait grandir en clarté, loin des crispations du langage dans cette "joie spacieuse" auquel il a donné le titre.

La Joie spacieuse, essai sur la dilatation, de Jean-Louis Chrétien Éditions de Minuit, 272 p., 27 €.

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Commentaires
T
à tout ce qui relève d'un réenchantement du monde!<br /> Entre la compression et la dilatation, entre l'enfouissement (et le repli sur soi) et l'envol, entre la mort et la vie...il n'y a pas à hésiter une seconde!<br /> Une lecture jubilatoire en perspective (dans un esprit païen s'entend!)...
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