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Battants sur le toit
21 juillet 2006

Wifredo Lam

Wifredo Lam

"Cartésien et sauvage", ainsi aimait à se présenter le cubain Wifredo Lam. Une oeuvre qui n'a rien à envier à l’autre peinture, la sienne, irriguée par ces amitiés surréalistes, cubistes, chinoises. Il nous tarde de voir arriver en France cette oeuvre immense qui appartient presque entièrement à des collections privées italiennes... Les Italiens ne se trompent pas, appréciant les oeuvres pour ce qu'elles sont. Pourtant Wifredo Lam quitte Barcelone pour Paris à 36 ans, après avoir comme tant d'autres de ses condisciples, défendu la République. Sa rencontre avec les surréalistes qui gravitent "encore" autour de Breton, est immédiate. Cet artiste académique n'aura de cesse de se réapproprier ses origines africaines, cherchant son expression dans le cubisme « primitif » de Picasso. Réalisés entre 1940 et 45, les tableaux exposés, pour la plupart inédits, offrent au regard le processus d’une lente mais décisive mutation. La « Dame dans un fauteuil » (gouache sur papier de 91 cm sur 76), semble s'être évadée des « Demoiselles d’Avignon ». Le repos du corps transmet au visage un sceau africain. On la retrouve, peu de temps après, allongée sur quelque banquette en bois, habillée d'un corps d'ében stylisé à l’extrême, les membres et le cou creusés où sont délicatement déposées quelques touches de rouge et de vert. Quatre ans plus tard, «Symbiose » dit le chemin pictural parcouru - et celui que la guerre appelle, il part pour Cuba, séjourne aux Etats-unis puis s'installe à Cuba où il faut composer avec de la gouache sur un papier couleur Havane, la toile ne franchissait pas l'atelier, il désapprend et réapprend tel un « Oiseau sur la table » blanche qui se lit comme un négatif : c'est le prélude à une symphonie tropicale dont le souffle ne cessera de s'amplifier. Dans les années cinquante, il se rend en Italie, près de Milan, et continue de soutenir la révolution du peuple cubain. C'est pour lui une grande période d'effervescence créatrice qui s'illustre dans plusieurs versions de « la Brousse » (1957 et 1958), aux rivages de l’abstraction. Sa syntaxe s’affine, constituée de lianes, de troncs, de feuilles-ailes, de têtes hybrides : une « dona » bien connue de la période bleue de Picasso rôde semble-t-il dans son atelier de la Havane?
Il nous quitte en 1982, laissant derrière lui une oeuvre colossale dont René char dira : "je ne vois pas de forêt habitée, (...) Lam rassemble ses créatures amaigries par la nervosité de l'art, cependant rafraîchies par l'expansion naturelle du peintre passant la barrière de l'air.", in Alliés substantiels.

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