Atelier d'Alberto
Chairs émondées dans la forêt austère de l’atelier. Doigts dans le déluge des scories : on ne verra plus les veines à la surface des corps, la chair se sera retirée. Les voiles gris de poussières cachent des stalactites qui inclinent l’échine. L’atelier est un musée de linceuls dressés. Annette aura déposé quelques fleurs que l’obscurité verra. Aucun artifice ne détourne le regard d’Alberto, l’atelier n’est habité que par ces stèles, lui, se fait tout petit, derrière ses grandes paumes… La tête, d’abord, apportera la main, et la main, un large pied pour marcher dans les forêts épineuses de l’enfance de pins. Il fait noir du soir au matin et c’est bien ainsi, ses mains y voient plus clair. Des questions reculent, des réponses avancent, un peu. Il fait si noir. Il faudra encore attendre un jour ou deux avant que les corps prennent la route. Pour l’instant, elles dorment sous leur drap humide. Seul Alberto saura quand il pourra les réveiller pour les faire entrer dans une autre nuit… une nuit sous un vrai ciel et non plus un plafond pétrifié.